SAINT PHOTIUS - Augustin Sokolovski

Saint Photius (1408-1431) fut le dernier métropolite de l'Église russe envoyé de Constantinople. On le commémore le 2 juillet. Selon le calendrier moderne, ce jour tombe le 15 du même mois. Mais le 15 juillet, selon le calendrier julien, une célébration est célébrée en l'honneur du prince Vladimir (960-1015), Vladimir, le baptiseur de la Rus’. Ce jour-là, le baptiseur de la Russie acheva son voyage terrestre. En lien avec Vladimir, une célébration orthodoxe est également célébrée en l'honneur du Synaxe des saints de Kiev, dont la liste, approuvée par le Synode de l'Église russe, inclut le métropolite Photius. Une telle coïncidence de dates peut paraître fortuite, mais on peut y voir un signe remarquable. Après tout, de nombreuses Églises orthodoxes locales adhèrent au nouveau calendrier, tandis que d'autres, comme les Églises russe, serbe, géorgienne, polonaise et de Jérusalem, adhèrent à l'ancien. Il s'avère donc que la mémoire de saint Photius est célébrée sur notre planète deux fois le même jour, à des occasions différentes. Il s'agit d'une commémoration personnelle et d'une commémoration au Synaxe des Saints. Le cas est extrêmement rare. Mais l'essentiel est que, de cette manière, la mémoire de Photius coïncide avec celle de Vladimir. Photius ne fut pas seulement glorifié comme saint. Il devint le dernier métropolite de l'Église russe telle qu'elle naquit avec le baptême de 988, et dans la forme structurelle et institutionnelle qui fut, sinon inventée, du moins approuvée par Vladimir lui-même. L'Église orthodoxe le qualifie d'Égal aux Apôtres. Il fut sans conteste un souverain à part entière, capable de déterminer le développement structurel de l'Église locale. Contrairement au christianisme occidental de la même époque, l'orthodoxie respecta toujours la volonté du souverain. Le baptême de Vladimir et de son peuple, puis l'installation des métropolites russes pendant des siècles, furent effectués depuis Byzance. À l'époque du prince Vladimir, Byzance était un empire orthodoxe grandiose. Quatre cents ans s'étaient écoulés jusqu’à l'époque de Photius. Byzance n'avait plus que quelques décennies à vivre. De la mort de Photius en 1431 jusqu'à la chute tragique de Constantinople sous les coups des Ottomans en 1453, il ne resta que vingt-deux ans, soit l'âge d'un jeune homme, moins d'un quart de siècle. Les « Romains », Romei, comme les Byzantins s’appelaient fièrement, préféraient ne pas y penser. Nombreux étaient ceux qui croyaient que l'Empire serait éternel. Comme l'intrigue du grand roman de Gabriel Garcia-Marquez, où le souverain meurt, mais ses sujets le croient vivant, Constantinople demeurait la capitale de l'orthodoxie universelle. Ainsi le déclin de l’empire et la chute du patriarche coïncidèrent.